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Effet rebond, régulation émotionnelle et impulsivité dans le craving à l’alcool

le 08/02/2019

La Clinique Saint-Barnabé Ramsay Générale de Santé est impliquée en tant que partenaire de l’Université d’Aix-Marseille dans des recherches cliniques, notamment sur le craving à l’alcool. Dans ce cadre, une première étude a été menée auprès de 46 participants dont 23 patients hospitalisés à la Clinique Saint-Barnabé et 23 personnes ne présentant pas de dépendance à l’alcool, afin de décrire des facteurs de risques.

Qu’en est-il des facteurs pouvant être impliqués dans le mécanisme du craving ?

Nous avons exploré l’effet des stratégies de régulation émotionnelle et de certaines pensées sur la gestion du craving alcoolique à travers l’effet rebond (comme cela a été démontré pour le tabac) et ses relations avec l’impulsivité.

Qu’est-ce que l’effet rebond ?

Cet effet particulier correspond au phénomène cognitif suivant : plus une personne essaie de supprimer une pensée (par exemple : "ne pas penser à l’alcool"), plus cette pensée lui revient à l’esprit et s’impose à elle de manière vécue comme inévitable.

Qu’est-ce que l’impulsivité ?

C’est la difficulté voire l’incapacité à s’empêcher de répondre immédiatement à une situation qui déclenche une réaction, que ce soit de l’ordre de la pensée ou de l’action.

Qu’est-ce que la régulation émotionnelle ?

Nous évaluons la gestion des émotions des participants selon leur tendance à changer leur façon de voir la situation et leur tendance à augmenter ou à diminuer l’expression de l’émotion au niveau du visage.

Comment s’est déroulée la recherche ?

Nous avons rencontré, à deux reprises et sur la base du volontariat, 12 patients en hospitalisation complète et 11 patients en hospitalisation de jour afin de recueillir les données nécessaires. Nous avons également mis en place un protocole expérimental afin d’évaluer l’effet rebond des pensées liées à l’alcool soit l’inhibition de ces pensées.

Des résultats ?

Le craving

Cette étude a permis de mettre en évidence certaines caractéristiques intéressantes relatives aux personnes concernées par la problématique de l’addiction à l’alcool :

  • Ainsi, les personnes présentant une dépendance à l’alcool auraient tendance à agir et réfléchir de manière plus impulsive au quotidien.
  • Par ailleurs, lorsqu’elles tentent de contrôler l’expression de leurs émotions (au niveau du visage) cela s’associerait à des pensées plus envahissantes en lien avec l’alcool.
  • La tentative de suppression des pensées liées à l’alcool aurait un effet sur le traitement et la régulation des émotions, mécanismes qui seraient eux-mêmes impliqués dans le craving à l’alcool.

Ces résultats préliminaires sont intéressants et permettent de conforter le besoin de recherches futures concernant la suppression/expression des émotions et leur lien avec les pensées spécifiques concernant l’alcool, afin de mieux comprendre la survenue des cravings. Ceci devrait permettre à terme de proposer des prises en charges spécifiques de cet aspect de l’addiction.

Article écrit par Laura Bernard, psychologue Clinique Saint-Barnabé.
Etude menée par Laura Bernard lors de son stage de Master 2 en psychopathologie clinique sous la Direction de Vincent Bréjard – Enseignant Chercheur Université Aix-Marseille.